mercredi 28 juin 2017

Petite méditation réflexive à l’heure du goûter : Le Rire, un phénomène corporel, assurément !

Petite méditation réflexive à l’heure du goûter : Le Rire, un phénomène corporel, assurément !
Tel passage d’une fugue de Bach peut vous donner la chair de poule, telle strophe de Yeats vous faire légèrement frissonner ou faire se hérisser les poils de votre nuque en signe d’appréciation… Mais il est une expérience esthétique dont la manifestation extérieure est flagrante, puisqu’elle entraîne la contraction de quinze muscles faciaux et une succession de spasmes respiratoires. L’expérience aurait des effets bénéfiques pour la santé, comme l’oxygénation du sang, une réduction des hormones du stress et un renforcement du sys­tème immunitaire.
Je parle du rire, bien sûr. Le rire, notre réaction caractéristique à ce qui est drôle. Pour­quoi une situation amusante suscite-t-elle une telle réaction ? Comment un certain type d’activité cérébrale peut-il aboutir à un réflexe comportemental aussi particulier Le rire est une pratique quotidienne de l’homme. Une journée sans rire, dit-on, est une journée perdue. La raison en est simple : rire est peut-être aussi vital que boire, manger et dormir …et faire l’amour !
Comme l’amour, son unique rival en tant que source de plaisir de l’humanité, le rire jette un pont entre la sphère du mental et celle du physique, comme l’a observé l’incomparable Max Beerbohm dans son essai, Le Rire, daté de 1920. Mais, soulignait Beerbohm, si l’amour vient du physique et trouve sa culmination dans le mental, le rire fonctionne dans l’autre sens. On peut également établir un parallèle avec le sexe. A en croire le marquis de Sade, le but du rapport sexuel est d’arracher à son partenaire des bruits involontaires, ce qui est exactement l’objectif de l’humour, même si le bruit en question est quelque peu différent.

Le Rire, « Du mécanique plaqué sur du vivant » déclarait le pétulant Henri Bergson! Cette formule n'est pas elle-même plaquée mécaniquement par Bergson sur le rire. Bien au contraire, c'est un Bergson à la fois psychologue, sociologue, philosophe de l'art et moraliste qui écrit " Le Rire, essai sur la signification du comique" , en 1900, au coeur d'une oeuvre dont ce livre est une étape majeure, et d'un moment dont il traverse tous les enjeux.
Une diversité infinie donc, mais plus que jamais dans une intuition, dans une écriture d'une simplicité extrême qui en font un chef d'oeuvre unique.
Et c’est ainsi qu’Allah, sans doute est grand, Bergson, assurément même s'il est parfois bien ennuyeux et qu’Allais Alphonse, et ça sans aucun doute, est le prince des humoristes!


Etienne Moulron
Cluny, ce 28 juin 2017